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Art-Histoire-Littérature

Giacometti et le surréalisme

16 Décembre 2014 , Rédigé par Anne-Maya Guérin

Giacometti et le surréalisme
Giacometti et le surréalisme
Giacometti et le surréalisme
Giacometti et le surréalisme
Giacometti et le surréalisme
Giacometti (1901-1966) : cet artiste d’origine suisse, arrive après des études à l'école des beaux arts de Genève à Paris au début des années 20, il s’intéresse particulièrement à l’art africain, et à la statuaire grecque, qui vont fortement inspirées ses premières œuvres. C’est en 1930 qu’il expose pour la première fois avec des artistes surréalistes, Miro et Arp, à la Galerie Pierre. Il adhère au mouvement surréaliste en 1931, après avoir rencontrer Masson, Breton, Aragon, Dali …il réalisera dès ce moment des dessins pour illustrer des livres de poésie de Crevel, Breton, ou Tzara.

Giacometti : « Depuis des années, je n'ai réalisé que des sculptures qui se sont offertes tout achevées à mon esprit ; je me suis borné à les reproduire dans l'espace sans y rien changer, sans me demander ce qu'elles pouvaient signifier. [...] Rien ne m’est jamais apparu sous la forme de tableau, je vois rarement sous la forme de dessin. Les tentatives auxquelles je me suis livré quelquefois, de réalisation consciente d'une table ou même d'une sculpture ont toujours échoué. [...] L’objet une fois construit, j’ai tendance à y retrouver transformés et déplacés des images, des impressions, des faits qui m’ont profondément ému (souvent à mon insu), des formes que je sens m’être très proches, bien que je sois souvent incapable de les identifier, ce qui me les rend toujours plus troublantes... » (Minotaure, 1933).

C’est une œuvre habité par une inquiétude existentielle, un sentiment intense du néant métaphysique, qui prend ses sources dans le subconscient (Femme couchée qui rêve, Femme égorgée, Cage, Fleur en danger, Objet désagréable à jeter, Table, Tête crâne).

Le poète Michel Leiris avait signé les premiers articles critiques en faveur du travail de Giacometti en 1929.Ces articles permettront l’entrée de Giacometti au sein du groupe.

Ces sculptures présentes des lignes pures, et ondulantes, dans des plans très marqués, ce qui donne à l’ensemble de ses sculptures une grande sobriété. Une grande simplicité, tout en nous confrontant à des images fortes qui mettent en mouvement ce fonctionnement symbolique recherché.

La boule suspendue sera sa première œuvre revendiquée comme surréaliste, se réappropriant, l’idée « d’objet à fonctionnement Symbolique » Cette sculpture fut achetée par Breton, qui placera cette œuvre au centre de sa collection, comme élément fondateur du surréalisme. En effet dans sa très grande simplicité cette œuvre déclenche par ces formes suggestives un effet érotique qui est une des aspects important de la recherche surréaliste.[1] Son œuvres est aussi bien influencé par les arts primitifs et archaïques, africains, cycladiques, égyptien, sumériens, que par les l’avant-gardes.

"La femme cuillère" est une œuvre fondatrice pour Giacometti qui y cristallise de nombreux archétypes. Où le corps de la femme se résume à une forme qui souligne la fonction de matrice du corps féminin. (Vénus des Cyclades). Rosalind Krauss : « Femme cuillère […] reprend la métaphore que l’on trouve souvent dans la cuillère à riz dan, où la partie creuse de l’ustensile est rapprochée de la partie inferieure du corps de la femme vue comme réceptacle, poche ou cavité. » (« On ne joue plus », étude sur Giacometti, in L’Originalité de l’avant-garde et autres mythes modernistes, 1985, Macula, 1993.)

L’épure formelle de sculptures surréalistes de Giacometti place ces œuvres un peu a part, ou plutôt à la convergence des deux tendances que nous avons soulignées, l’un accordant plus de place à la matière, l’autre à l’image et à l’idée, la grande épure des formes de Giacometti met en valeur les matériaux et confronte à des formes qui dans leur grandes simplicité ont une force symboliques toute aussi puissante. Il faut aussi en souligner la charge érotique.

Mais en 1935 une rupture se produit dans son travail, il est exclut par Breton du mouvement surréaliste. Il décide de revenir à la représentions d’après nature, a représenter la vision qu’il a de celle-ci. Il restera cependant lié au milieu surréaliste, pour le quel il continuera à fournir des textes (revue Minotaure, éditions Skira).

[1] L’objet de la sculpture se situe dans un dispositif d’optique formé par la cage en métal. Ce dispositif soulignant et éloignant à la fois l’objet, fait appel au désir de voir du spectateur, la pulsion scopique dont parle Freud, si cher aux surréalistes. Au centre d’une cage donc, une boule suspendue par un fil et fendue en son milieu, effleure une espèce de croissant suggérant à la fois la douceur de la caresse, rendue aussi par la rondeur de l’objet, et la violence de l’incision soulignée par l’arête tranchante du croissant. La dimension érotique est ici évidente, ainsi que l’ambivalence des deux éléments en question, chacun participant des deux registres : féminin et masculin. Les critiques ont vu aussi que le croissant peut renvoyer au sexe féminin ou à la corne d’un taureau, allusion à Histoire de l’œil, de Georges Bataille, dont Giacometti était proche. Dans ce récit la corne de taureau pénètre le torero et le tue en l’énucléant.

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