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Art-Histoire-Littérature

le portrait de Tériade par Giacometti 1960

26 Janvier 2015 , Rédigé par Anne-Maya Guérin

le portrait de Tériade par Giacometti 1960
le portrait de Tériade par Giacometti 1960
le portrait de Tériade par Giacometti 1960

Après une première période consacrée à la sculpture surréaliste, Alberto Giacometti revient au sujet, à la réalité, à partir de 1935.

c'est à ce moment qu'il commence à réaliser des portraits. Son ami l'éditeur d'art Tériade posera à deux reprises pour Giacometti, une première fois en 1945, et une seconde en 1960. Ce portrait est celui de 1960. Le portrait ne se développera et prendra de plus en en plus de place dans l'oeuvre de Giacometti qu'à partir de 1950.

A partir de cette époque, Giacometti peint avec une peinture très diluée, utilisant des tons de plus en plus clairs. L'oeil du peintre se concentre exclusivement sur le modèle, l'arrière plan est juste brossé à grands coups de pinceaux, afin de construire un espace.

Il se concentre sur la tête. Tête qui est la partie la plus travaillée du tableau, mais aussi l'élément qui semble s'éloigné et vouloir fuir notre regard. Le modèle nous regarde de face, les avant bras posés sur les cuisses, les mains croisées. Son corps large et pesant est amplifié par les plis de la gabardine qu'il n'a pas quitté pour posé.

Giacometti, lui, regarde la tête, il construit cette tête en marquant les structures osseuses, les orbites sont bien dessinés. Il chercher à coup de pinceaux nerveux à dessiner, délimiter, et construire cette tête.

Dans son livre "un portrait par Giacometti" James Lord nous raconte par le menus ce que veut dire poser pour Giacometti. Il raconte les longues séances de pose, où il ne faut pas bouger, les pieds placées dans les marques déssinées à la craie sur le sol le premier jour de pose.

Après avoir tourné et et arranger les chiffons humides autours de ses sculptures, rangé les figures sur les tables de son ateliers, tournânt autour de la toile et n'osant "s'attaquer" au sujet, il évite la toile, puis enfin s'assied .

"il ressent de façon si poignante la difficultés à rendre visible aux autres sa propre vision de la réalité qu'il perd forcément courage quand il est contraint de s'y atteler une fois de plus . Aussi remet-il aussi longtemps que possible le geste décisif de commencer" James Lord

Puis Giacometti décide de se mettre au travail, il s'installe devant son sujet, près très près, mètre cinquante tout au plus, il parle tout en peignant, et pour peindre c'est à bout de bras qu'il tient son pinceau, et il regarde , il regarde le modèle, il le quitte à peine des yeux, pour de temps en temps prendre du recul...

Giacometti à le sentiment que les chose "vont bien' et puis tout à coup, un coup de pinceau et tout lui échappe, et c'est à ce moment que le travail commence vraiment.

"c'est imposible de peindre un portrait...Ingres le pouvait. Il pouvait finir un portrait. 9a jouait le rôle d'une photographie et ça devait être fait à la main parce u'il n(y avait pas d'autres façons de la faire alors. Mais aujourd'hui cela ne veut plus rien dire. La photographie existe et voilà tout."Giacometti

Giacometti à commencé le travail, mais les chose qu'il lui semble a un moment fugace enfin saisir du bout de son pinceau, lui échappent, lui échappent irrémédiablement.

"c'est ce qu'il y a de terrible: plus on travail à une peinture, plus c'est impossible à finir"Giacometti

Le peintre a le sentiment d'être "malhonnête" d'exposer des choses "ni faites, ni à faire"

Mais il continue à peindre à avancer son tableau, alors que selon lui les choses "vont mal" et plus "ça va mal" plus il s'accroche désespérément à sa vision. Plus il peint, plus il réalise l'impossibilité d'une telle entreprise, il grogne, il jure, il maudit la peinture. Mais il continue à peindre, et demande à son modèle de venir et revenir encore et encore.

Alors qu'il y a déjà plusieurs séances de pose, il annonce à son modèle que le lendemain les choses vont vraiment commencer, que le tableau va vraiment "démarrer" demain.

Mais plus ça avance, plus "ça va mal " et plus "ça va mal" plus il avance.

A la sixième séance de pose ... il veut "foutre en l'air " le portrait.

Mais il continue et plus le travail avance , plus son attention se porte sur la tête, tête qu'il construit et déconstruit à chaque coup de pinceaux.

Le portrait au cours des séances de pose semble "aller et venir" telle les vagues sur la plage. Espoir et désespoir se succèdent, pendant que se fait et se défait le tableau. Et Giacometti chercher toujours la tête.

Un portrait peint par Giacometti raconte cette histoire, cette recherche du bout du pinceau, ces allez et venues sur la toile. Giacometti cherche à saisir un insaisissable qui lui échappe toujours.

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