Auguste Herbin 1907, "rue de Bastia"
Auguste Herbin (1882-1960) arrive à Paris vers 1902-1903, après une année passée aux beaux arts de Lille, financé grâce à une bourse du conseil municipal du Cateau en Cambresis.
Il est déjà intéressé par les mouvements d'avant garde, et fait une peinture post- impressionniste. Mais c'est en visitant les expositions d'artistes indépendants, le Salon d'Automne, qu'il découvre le fauvisme.
Puis, entre 1906 et 1907 qu'Herbin développe lui aussi une peinture "fauve". Cependant jeune provinciale à Paris, bien qu'exposant au salon des indépendants de 1906 et au Salon d'Automne de 1907, Herbin ne se fait pas remarquer par les grands critiques de l'époque. Si il vend quelques toiles, c'est au père Soulié, brocanteur, qui achète pour quelques francs des toiles aux jeunes peintres démunis, le père Soulié achètera des tableaux à Picasso, van Gogh, Herbin....
Fréquentant de loin les milieux artistiques de Montmartre et Montparnasse, Herbin parvient à vendre quelques toiles aux marchands des avants gardes de l'époque comme, la "mère" Weill", ou encore le marchand d'art Clovis Sagot, qui organisera deux expositions Herbin quelques années plus tard.
En 1904, Herbin rencontre un jeune amateur d'art allemand, Willhem Udhe, qui s'intéresse aux avant gardes, et qui a déjà acheter des tableaux à Braque et Picasso. Udhe fréquente les milieux cosmopolites d'amateurs d'art de l'époque.
Frappé par le sens de la couleur, et le coup de pinceau sur du jeune Herbin, Udhe décide de d'aider ce jeune artiste, et va jusqu'à l'inviter à l'accompagner en Corse. c'est au cours de ce voyages financé par Udhe que Herbin peindra ces plus belles toiles "fauves".
La" rue de Bastia" (huile sur toile, 65x50cm) est réalisée lors de ce voyage, où Herbin va libérer son sens de la couleur. Jusque là Herbin fait des toiles de facture post impressionniste, mais les toiles de Corse, montre une nouvelle approche de la couleur et de la touche.
L'ensemble de la toile est modulée autour d'un accord de verts et de roses. Le premier plan, est dans l'ombre, mais c'est une ombre faite de larges lignes de vert, bleu et violet.Les couleurs froides ainsi posées sur le sol forment les ombres du premier plan.
Les hautes maisons de part et d'autre de la rue, sont réalisées du même coup de pinceau large et sur, qui pose la couleur pure. Les fenêtres, les volets, sont des traits verticaux, se détachant par contraste sur des fonds colorés, une ligne vert sombre sur un fond parme, forme l'embrasure des fenêtres de la maison qui s'élève sur la droite.
Les hautes maisons encadrent un deuxième plan tout de soleil et de lumière, le sol devient rose, les maisons vert émeraude, et sur le rose de la rue , se détache un carré noir entouré de deux bandes rouge, une voiture, qui par contraste rend encore plus lumineux le fond de cette rue. Tout au fond on voit des montagnes, rectangle parme, encadré de trait vert émeraude.
Le ciel rose et bleu est brossé d'un geste large. donnant ainsi à la couleur et la touche toute leur possibilité expressive.
Si cette toile reprend les principes du fauvisme: construire le paysage par masse de couleurs pures et contrastées, c'est avec assurance et maîtrise qu'Herbin construit sa toile de ses larges touches, horizontales, verticales, obliques, rythmant ainsi la composition.
Elaborants des accords de couleurs froides et de couleurs chaudes pour créer les effets d'ombres et de lumières, entrainant notre oeil dans le plan ensoleillé grâce à deux traits rouge vif qui se détachent sur un rose pâle.
Tout Herbin est présent dans cette toile de jeunesse (il à 25 ans), le sens de la composition et des couleurs, qu'il développera avec bonheur dans ses grandes compositions abstraites.
Willhem Udhe organise une exposition en 1908, où les toiles Corse de Herbin côtoiront celles de Derain Dufy, Picasso, où encore Sonia Terck (future Delaunay). C'est ainsi qu'auguste Herbin va être introduit dans le milieu des peintres d'avant garde parisien, mais aussi être exposé en Allemagne à la galerie Eduard Schulte. Puis à l'international. Cette période fauve, va rapidement évoluée, en effet dès 1908, Herbin géométrise les formes principales du paysage, et avance vers une approche plus cubiste de la construction de la toile...