le contexte artistique à la veille de la Grande Guerre: Berlin.
Die Aktion, Der Sturm, Erik Heckel, portrait de Harry Kesler, Karl Schmidt Rottulf,Kirchner, Expo sonderbund, Emile Nolde ,Otto Mueller
Berlin
Si l’économie allemande connaît dans les dix premières années du XXème siècle, un développement important, le gouvernement impérial autoritaire ne parvient pas étouffer les troubles sociaux dus à l’augmentation des inégalités sociales. C’est dans ce contexte tendu que se développent des groupes d’intellectuels défenseurs des avants gardes.
L’Allemagne n’est pas un pays centralisé, et quelques villes ont une aura intellectuelle comme Berlin, Munich, Dresde ou Cologne. Cependant Berlin devient la capitale des arts et des lettres.
De grandes expositions sont organisées : Le Sonderbund de Cologne
Le 24 mai 1912, s’ouvre à Cologne le quatrième et plus célèbre "Sonderbund". Le Sonderbund est au départ une association fondée en 1909 qui a pour but de promouvoir l’art moderne, particulièrement l’art français, au sein d’expositions qui associent les artistes modernes aux jeunes artistes allemands. Au cœur de l’exposition, à cause notamment d’une répartition par nationalité, cinq salles concentriques présentaient vingt cinq œuvres de Van Gogh, vingt-six œuvres de Cézanne, vingt-cinq tableaux de Gauguin et seize œuvres de Picasso notamment, et des artistes allemands August Macke, Paul Klee, Karl Hofer. A cette occasion, l’émergence du triumvirat de la modernité – Van Gogh, Cézanne et Gauguin – témoigne d’une glorification de l’individualité qui marquera l’histoire de l’art moderne et son exportation. Il ne s’agit plus de montrer des mouvements mais des individualités qui ont pris part à certains mouvements.
Néanmoins Berlin reste le lieu de convergence des jeunes artistes :
« Il soufflait à Berlin au début du siècle un vent qui crevait le rideau qui pesait sur les régions occidentales d’une culture exclusive suffisante et dépassée » Henry Van De Velde "les mémoires inachevées d’un artistes européen".
Parmi les personnalités qui influencèrent les élites de la société Berlinoise il faut rappeler la figure du comte Harry Kessler.
-Harry Kessler (1868-1937) a une éducation européenne il né et grandit à Paris, fait ses études en Angleterre, et en Allemagne. Ses études de droit d’art et d’histoire le conduisent vers une carrière de diplomate, il devient une personnalité de la « société européenne », il utilise son influence pour resserrer les liens entre les avants gardes françaises et allemande ; Il est aussi auteur d’articles qui paraissent dans le journal d’art nouveau "Pan", et écrit des essais sur Nietzche, Verlaine ou Novalis. Conservateur du musée d’art et artisanat de Weimar, où il cherche à faire connaître des artistes de l’avant garde et conçoit une exposition permanentes consacrés aux arts décoratifs. Il est aussi éditeur de livre d’artistes, et en 1913 fonde les éditions « Cranach Press ».
Ses intérêts se portent aussi vers la littérature et la musique ainsi que vers la politique. En tant qu'instigateur et vice-président de l'Association des artistes allemands (Deutscher Künstlerbund), Kessler entretenait des relations très étroites avec Lovis Corinth, qui en fut un des co-fondateurs.
Collectionneur de peintures d’avant garde, client de Ambroise Vollard, Durand-Ruel, et Bernheim, son salon accueil des toiles de Seurat, Cézanne, Bonnard ou Van Gogh, il est aussi mécène. Kessler est un ami de Henry Van de Velde, artiste belge qui s’engage dans un renouveau du style inspiré des « Arts and Crafts » fondés par William Morris.
Henry Van De Velde Qui aura une part importante de sa carrière en Allemagne avant la première guerre Mondiale. Ces deux hommes européens et pacifistes œuvrent pour un renouveau de l’artisanat qui passerait par la mise en place d’un style nouveau, découlant des avancées artistiques de l’avant garde occidentale. Ils sont liens constants avec le groupe des XX en Belgique, mais aussi Paris et Londres. Avec Van de Velde ce sont deux figures importante d’une Europe artistique d’avant guerre.
Le travail accomplit par van de Velde pour le renouveau de l’artisanat allemand est reconnu en 1910 lors de l’exposition universelle qui à lieu à Bruxelles.
L’avant garde artistique à Berlin est aussi représentée par le groupe die Brücke, fondé en 1905 par un groupe de jeunes étudiants en architecture élèves de Hermann Obrist et influencé par le Jugendstil, originaires de Dresde
Ernst Ludwig Kirchner -diapo 73-(1880-1938), Erich Heckel diapo 74(1883-1970), Fritz Bleyl –diapo 75-(1880-1966), Karl Schmidt-Rottluff diapo 76(1884-1976), Emil Nolde -diapo 77-(1867-1956) et Max Pechstein -diapo 78 -(1881-1955) s'y sont associés en 1906, et Otto Mueller-diapo 75 -(1874-1930) en 1910. Le fauviste Kees van Dongen se rapprocha également du groupe et fut ainsi l'intermédiaire entre le groupe et ses amis français.
Die Brücke fut l'un des deux groupes de peintres expressionnistes allemands. En 1908 à lieu à Berlin à la galerie Cassirer une exposition de Matisse, et en 1910 des tableaux de Picasso.
C’est une jeune génération d’artistes qui rejettent les lignes souples du Jugendstil pour accéder à l’expression, leur style expressionniste se forge autour d’une thématique urbaine, où sont présents les portraits et les scènes de rue, mais est largement influencé par les recherches fauves et cubistes qui commencent a se faire connaître en Allemagne.
Mais les peintres expressionnistes veulent surtout se libérer de toutes conventions, la peinture et le moyen de transcrire l’émotion directe de l’artiste, le moyen d’expression.
La dimension sociale est importante, et les artistes qui se retrouvent dans le groupe sont profondément marqués par les arts « primitif » qui leur apparaissent comme une expression directe des sentiments, leurs œuvres dénoncent aussi la misère sociale que connaissent les grandes villes allemande a cette époque, ce qui explique qu’ils soient craint par les conservateurs.
On considère die Brücke comme une cellule révolutionnaire. La dimension politique est importante a soulignée dans un moment où essaye de se développer un socialisme international, où les peuples d ‘Europe sont liés par une même aspiration : la justice sociale. En effet les groupes d’avant garde sont considérés comme révolutionnaires par les autorités conservatrices. Die Brücke représente le sentiment d’angoisse et d’étouffe qui étreint la jeunesse allemande, que l’on retrouve aussi en littérature.
Exposés à Berlin en 1910, certains aspects formels de leur travail les rapprochent des fauves : les bois gravés, le gout pour les formes primitives et les couleurs franche, aux contrastes forts. Mais leurs sujets dégagent toujours un sentiment de violence, et une inquiétude latente, bien éloignée des sujets solaires du fauvisme.
Le 27 mai 1913, le groupe se dissout, conséquence des divergences claires entre ses membres.
Ernst Kirchner est celui qui recherche le plus a exprimer ce sentiment « nouveau pathos », décrit par Zweig caractéristique de la jeunesse artistique, célébration de la passion originelle, sorte de mal du siècle qui serait une réponse à la rapide urbanisation et industrialisation de l’Allemagne, écrasée par l’autoritarisme du Keiser. En réponse la jeunesse s’exprime dans les cabarets artistiques où se retrouvent les artistes d’avant garde. Les cabarets sont des lieux d’échanges, théâtre, chanson, mais aussi conférences et expositions se côtoient. Ses idées sont relayées par des revues telles que Der Sturm, ou Die Aktion.
La peinture de Kirchner évoque se monde interlope des cabarets, où les contrastes de couleurs exprimes les sentiments d’oppression de l’artiste. Souvent à forte charge érotique, la peinture expressionniste montre une société corsetée où la jeunesse étouffe.
Un autre artiste important du groupe est Emil Nolde, ce dernier ayant fait des séjours a Paris, diffuses les idées de la peinture d’avant garde, il admire tout particulièrement Van Gogh et James Ensor, mais aussi les gravures médiévales et l’art africain. Mais sa peinture se caractérise par une forte charge mystique.
Der Sturm :
Cette revue fondée par Herwarth Walden , fut un des moyens de diffusion de l’expressionisme. D’autant plus que der Sturm c’est aussi une galerie : Sturm galerie , où sont exposées des peintres cubistes, futuristes, des peintres de l’école de Paris, des oeuvres du groupe Blaue Reiter,, un cercle le sturmkreiss, un théâtre : Sturmbuhne, des soirées : Strum-Abeden.
Installé dans le quartier intellectuel de Berlin, sa galerie présente des œuvres d’avant garde de l’Europe entière. Walden expose des artistes allemands, mais aussi russe : Kokoschka, Kandinsky, ou encore français, La galerie des Sturm est une plateforme européenne d’échange intellectuels autour des avant gardes artistiques, peinture et littérature, dont de nombreux poètes français, Apollinaire, Cendrars...
Il existe une autre revue à l’engagement politique plus marqué : Die Aktion. Fondée en 1911 par Franz Pfemfert, die Aktion est aussi une revue d’avant garde qui permit la diffusion de l’expressionnisme, c’est aussi une revue pacifiste et francophile qui donne la parole aussi bien aux anarchistes qu’aux socialistes. Pfemfert était proche de Rosa Luxembourg
Le premier numéro sort le 11 février 1911 avec le sous-titre "Journal politique libéral et littéraire" et en 1912 "journal hebdomadaire de la politique, de la littérature et de l'art".
Die Aktion devient rapidement la revue que représente le mieux le mouvement expressionniste. La revue se distingue de der Sturm par ses positions politiques clairement pacifistes.
Der Blaue Reiter : Munich, est un centre important de formation et création, qui à la fin XIXème siècle, attire les jeune artistes d’Europe du nord et de l’est, l’impressionnisme, le néo impressionnisme, et le fauvisme y est exposé (exposition organisée par le groupe Sécession), ce qui va largement inspirer de jeunes artistes qui libèrent de plus en plus la couleur et l’utilise de manière de plus en plus expressive.
Au sein de l’association des jeunes artistes munichois, un petit groupe se démarque, et quitte l’association, Kandinsky , Jawlensky-, Marc…qui font une contre exposition, « Der Blaue Reiter ».
Marc et Kandinsky cherchent à donner à leur art une dimension spirituelle s’opposant à une société mercantile et matérialiste.
Le bleu est associé à la pureté et à l‘infini, ils donnent aux couleurs une qualité spirituelle. D’autres artistes vont se joindre au groupe, comme -diapo 88-August Macke, Robert Delaunay, le douanier Rousseau ou encore le compositeur Schönberg. Ils cultivent l’idée de diversité, diversité des formes montrant la diversité des intériorités des artistes. Ils veulent que la peinture soit un lieu d’expression pure, libérés des obligations académiques de représentation.
Les peintures sont des « impressions », des « improvisations » plus spontanée et impressions de nature intérieure, et les « compositions » plus construites. Simplifications des formes, épuration des moyens, qui tendent à l’abstraction. Mise en place des moyens décrits par Kandinsky dans du spirituel dans l’art.
Franz Marc utilise la couleur pour ses effets psychologique, et les animaux sont son sujet de prédilection, l’animal étant symbole de pureté et de vérité intérieur. Dans ses compositions il fait des liens formels (couleurs et formes) entre le sujet et le paysage.
Des membres du groupe comme Paul Klee, font le voyage à Paris et découvrent les recherches cubistes.
Ces rencontres, vont fortement influencer leur peinture, L’influence de Robert Delaunay est déterminante en ce qui concerne sont travail sur la couleur. Il est alors en pleine possession de tous ses moyens pour faire œuvre.
Le groupe « der Blaue reiter » peut être considérée comme les fauves allemands, ils sont en effet plus proche de l’univers de Matisse et sont en liens avec des peintres français. Le groupe est cependant plus mystique que les expressionnistes, est sont influencées par l’anthroposophie, leur art permet de développer des théories vitalistes. Si ils semblent utiliser les mêmes moyens plastiques que der Sturm, ils en sont cependant très éloignés. Le groupe der Blaue Reiter va être dispersé à la déclaration de la guerre et certain membre meurt pendant le conflit.