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Art-Histoire-Littérature

La nouvelle tapisserie Jagoda Buic

21 Mars 2015 , Rédigé par Anne-Maya Guérin

La nouvelle tapisserie Jagoda Buic
La nouvelle tapisserie Jagoda Buic
La nouvelle tapisserie Jagoda Buic
La nouvelle tapisserie Jagoda Buic
La nouvelle tapisserie Jagoda Buic
La nouvelle tapisserie Jagoda Buic
La nouvelle tapisserie Jagoda Buic
La nouvelle tapisserie Jagoda Buic
La nouvelle tapisserie Jagoda Buic

Jagoda Buic est née en 1930 à Split en Croatie. Elle a dans un premier temps une formation théorique, articulée autour de l’histoire de l’art et de la philosophie. C’est en 1952 qu’elle part pour l’Italie où dans les studios de cinéma de Cinecitta, elle est formée à la scénographie, puis ensuite à l’histoire et à la création de costume à Venise. Cette formation atypique s’achève à l’académie des arts appliqués de Vienne.

De retour en Croatie elle travail pour le théâtre national, où elle crée costumes et décors. Elle participe à d’autres projets, pour l’opéra, la danse, ou encore le cinéma à l’international. Ses différentes productions scénographiques, pour lesquelles elle entame des recherches spatiales très contemporaines, inspireront ses installations futures.

Car en 1959 elle décide de se consacrer à la tapisserie. Elle désir en faire un moyen d’expression artistique. Cette nouvelle carrière le conduit à exposer aux biennales de Lausanne, à partir de 1965, puis à travers le monde dans de grandes institutions. En 1969, elle expose « Wall Hangings » au Museum of Modern Art de New York.

Elle deviendra une figure incontournable de la « nouvelle tapisserie », ses recherches plastiques la conduise à vouloir réaliser la synthèse entre la tapisserie « classique » et l’architecture moderne: « La tapisserie d’avant-garde n’est rien d’autre que le retour du tissage à ses qualités intrinsèques, à ses lois…Elle existe aussi dans un système de contrepoint : surface chaude du tissage, surface froide de l’architecture ». Dans ces tapisseries, Buic innove sur l’espace traditionnel de cette forme artistique en y introduisant une troisième dimension. Cela reflète l’intérêt que porte Buic sur l’œuvre et son espace, la tridimensionnalité permettant une co-relation plus rapprochée entre les deux.

Elle élabore un vocabulaire plastique fait de perforations, de rythmes spatiaux, ses formes de portiques, de masses, d’arrondis qui explorent le domaine du multiple. Un écho sûrement à ses premiers amours que furent les décors de théâtre.

Ce vocabulaire de formes est constitutif de son approche des matériaux. Elle travail, la laine, le cuir, la soie et le sisal, ce sont des matières naturelles, qui se transforment et se patinent avec le temps. Cette préférence marquée pour les fibres naturelles lui permettent une plus grande souplesse et rigueur dans le tissage à la main que les fibres industrielles. Parmi les matières prépondérantes, nous retrouvons la laine, comme pour la réalisation de la tapisserie « La Colombe blessée II», et le sisal, auxquels elle dit vouloir redonner leur autonomie en les employant non seulement en tant que moyen de réaliser une tapisserie, mais également pour les effets de couleurs et de textures que peuvent donner chacun de manière individuelle à travers le tissage. Buic place non seulement de l’importance sur la réalité visuelle de son œuvre, mais également sur l’aspect tactile que le choix des matières peut entraîner. Le choix des fibres par rapport à leurs qualités textiles naturelles reste essentiel dans l’œuvre de Buic, qui affirme que la forme c’est la couleur.

Mais aussi de recherches plus techniques, de points et d’entrelacements, parfois issues du de la tradition textile Croate (comme les bourrelets en relief), qu’elle se réapproprie, et inscrit d’une manière nouvelle dans son travail. Les matières et le tissage utilisés par Buic dans ses tapisseries reflètent sa sensibilité à la tradition textile de son pays, tout en introduisant une grande modernité dans son œuvre. Elle noue ainsi avec les méthodes traditionnelles de tissage à la main, effectué dans un atelier avec la collaboration de femmes venues de différentes régions du pays

Ses œuvres sont très tactiles, lisses, rugueuses, des reliefs, des sillons ponctuent la surface de la tapisserie.

Une exposition des tapisseries de grandes dimensions du Jogoda Buic a eu lieu au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, en septembre 1975.

Le Centre National des Arts Plastiques a acquis l’œuvre Formes Blanches, réalisée en 1977 et composée de quatre colonnes tressées en sisal et laine, reliées entre elles par des vagues de tapisserie ondulantes créant dans le mouvement, un subtil jeu d’ombre et de lumière. Certaines œuvres peuvent se rapprochée du Land art-« tentes »,

Ses œuvres sont imprégnée d’une pensée qui oscille entre la mythologie, la poésie et le théâtre : « Tout commence par le fil. Dans le mythe d’Ariane ce n’est pas par hasard que Thésée a trouvé l’issue du labyrinthe grâce au fil, synonyme de l’intelligence ».

Dès ses premières expositions Jagoda Buic, va marquer l’art textile, par ses installations monumentales, l’utilisation du sisal noir, dégageant une forte présence dramatique. Son travail est marquant par sa dimension architecturale, ses oeuvres, haut reliefs ou véritables murs de fibres, , apparaissent comme des décors dans l’espace, cette manière d’investir l’espace est ce qui va une des forces de l’art textile.

En 1991, elle a exposé au Musée Jean Lurçat d’Angers et en 1993 au Musée des Beaux-Arts de Carcassonne.

Le Musée des Arts Appliqué de Zagreb qui conserve une grande partie de ses oeuvres a organisée une grande rétrospective de l’artiste l’été 2011 et le Musée Revoltella de Trieste en Italie a fait de même du 1er octobre 2013 au 6 janvier 2014.

  • L’œuvre « Colombe blessée II », COLOMBE BLESSEE II, 1983 Tapisserie tridimensionnelle en laine - polyptique en huit pièces. Poids 450 kilos.250x1150cm

collection UNESCO) tridimensionnelle, monumentale, est un exemple typique de l’œuvre de Jagoda Buic. La tapisserie s’impose dans l’espace grâce à son format, la texture rugueuse et les tons sombres des fibres employées, ainsi que le poids physique de sa composition. La notion de scénographie pourrait être suggérée par l’effet que peut avoir cette œuvre sur le spectateur, en créant une ambiance à travers une seule tapisserie.

L’œuvre offerte à l’UNESCO reflète ainsi le choix de l’artiste, qui préfère l’emploi du noir, des marrons ou des tons de terre, avec l’ajout occasionnel du blanc ou de rouge, représentatif du sang. Non seulement la palette de couleur reste restreinte, mais son usage reste minimal, quitte à ne pas en avoir du tout. La prédominance ici de tons sombres fait ressortir d’autant plus la ‘trace’ verticale rouge au centre de la composition, accentuant ainsi le sujet de l’œuvre. La tapisserie s’impose par sa composition et sa dimension, ainsi que par le choix de matières naturelles, rugueuses et expressives.

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