La nouvelle tapisserie : Lenore Tawney
Lenore Tawney (1907-2007), Léonora Agnès Gallagher est née à Lorain dans Ohio, sa formation artistique commence en 1946 aux cours du soir du Chicago institute of design, fondé Par Laszlo Moholy Nagy, qui fonda cet institut à son arrivée aux US sur le modèle du bauhaus où il avait été professeur. Est fut l’élève de Moholy Nagy, mais aussi du sculpteur Archipenko, et du peintre expressionniste abstrait Emerson Woelffer.
Elle apprend le tissage auprès de Marli Ehrman et Martta Taipale une tisseuse finlandaise de renom, qui fut une figure marquante de sa période d’apprentissage . C’est en 1941 qu’elle épouse George Tawney, qui meurt en 1943. Elle fera de nombreux voyages avant de s’installer à New York.
Lorsqu’elle s’installe à New York en 1957, elle fréquente les milieux artistiques et rencontre Ellsworth Kelly, Robert Indiana, Agnès Martin and Jack Youngerman.
Sa carrière débute au moment du renouveau des artisanats"crafts", que connaît les US, céramique, tapisserie, ce qui sera déterminant pour le développement de sa carrière artistique. Cependant elle se distingue rapidement par ses constructions qui sont loin des techniques artisanales.
Dès ses premières œuvres, on remarque une rupture avec la tradition. Ces œuvres abstraites se développent dans l’espace, se caractérisent par la fragilité du fil, et la couleur. Elle sait exprimer toute la possibilité expressive de chaque fils, elle s’affranchie rapidement du cadre régulier imposé par le métier à tisser, ce qui lui permet de développer des sculptures de fils dans l’espace dès 1962, ce qui fut révolutionnaire à l’époque. Nous sommes ici déjà très loin de la tapisserie classique.
Certaines de ses œuvres sont des tissages transparents, de conception et de format monumentaux. Elle n’utilise pas la paroi.
« Les fils de lin noirs et blancs pendent librement dans l’espace qu’ils définissent par un réseau de fils de chaîne non tramés. Ils sont légers, clairs et scintillants. La lumière les traverse. Et cependant, ils existent bel et bien en tant que forme textile et architecturale. On n’a jamais rien vu de pareil en matière de travail textile. Lenore Tawney n’a pas passé par le stade de l’artisanat. D’emblée, ses œuvres attestent d’un dynamisme artistique. Ce sont des tissages sculpturaux d’une délicatesse incroyable. Pour trouver un élément de comparaison, il faut remonter à la lointaine histoire d’une culture disparue, celle des gazes que l’on tissait au Pérou à l’époque précolombienne. » Erika Billeter
«Dans de nombreux travaux, j’ai utilisé la technique péruvienne de la gaze, où les fils croisés sont tendus sur l’ensemble du métier à tisser. On le fait à la main. Lorsqu’on revient en arrière, tous les fils reprennent leur direction habituelle. Ensuite, on croise de nouveau chaque fil un à un et le même processus se répète à l’infini.» Cette méthode permet une extrême transparence qui donne au tissage cette légèreté́ unique.
Tout au long de ses recherches elle s’emploie à étudier les effets de contrastes : dès les effets diaphanes de certaines constructions, (Lekythos, 1962) où les fils de chaîne pendent librement dans l’espace, aux aspects dense et solide d’autres comme dans la série des boucliers commencée en 1966.
Ses pièces tissées en rotation dans l’espace sont sculpturales, ont peut y retrouver des références à la sculpture de Pevsner. Puis elle y ajoutera d’autres matériaux au cours de ses recherches, franges, coquillages ou perles. Ses œuvres abstraites reprennent les formes primaires tel que le carré ou le cercle, mais sa manière de les travailler grâce au fil permet de leur donner du mouvement dans l’espace. La forme du cercle inscrite dans un carré sera une forme récurrente dans son travail. Elle joue aussi avec les effets de lumière qui s’immisce entre les fils. Ces premiers environnements « Clouds » , sculpte l’espace, les fils colorés, laissnt passés la lumière, l’installation est réalisées in situ, et peu rassembler 13 000 fils de lin, teints, un temps long est nécessaire pour réalisation de ces « Clouds », temps qui est pour Tawney un temps méditatif, proche de la méditation zen,
«Il ne s’agit pas de patience. Je ne suis pas simplement patiente. J’aime cette forme de travail. Je m’y consacre avec passion. Pour moi, c’est tout simplement un travail.»
Lenore Tawney s’intéresse également à la poésie et aux écrits mystiques, elle écrits dans son journal ses réflexions, elle évoque ses lectures, ses expérience, et ses voyages, ainsi que ses découvertes artistiques, évoque ses recherches artistiques et spirituelles.
Les mots sont une partie de son travail, elle inclue dans ses compositions des fragments de textes, manuscrits ou imprimés. Elle utilise des bandes de papiers et les traitent comme un fil. Elle réalise également de nombreux dessins et collages, ainsi que des boites, rassemblant des objets naturels, os, plumes, œufs, fragments de manuscrits, qui sont des œuvres proche des recherches surréalistes, car elle semblent tout droit sorties de son inconscient.
Elle est une collectionneuse et s’entoure d’objets, qu’elle transforme en œuvres d’art en les associant, en y plaçant des mots, des citations, elle aime cité Paul Klee. Elle transforme ainsi son intérieur en une œuvre en perpétuelle création, où se mêlent jusque dans les moindres recoins ses créations, des objets naturels, ainsi que des œuvres de ses amis, comme les pièces en céramiques de son ami, Toshiko Takaezu.
Ses sources d’inspirations vont des techniques traditionnelles des tisserands péruviens, aux tissages sophistiqués tel que le permettent le métier Jacquard, où elle admire aussi bien le tissage que la machine elle même.
Elle réalise de nombreux dessins préparatoires sur du papier millimétré, où elle aime entremêlé tout un monde de figures et de symboles, ces dessins, ont aboutit a des compositions en fils, placés dans des cubes de plexiglas, ou des boites en bois. Ces dessins furent publiés en 2007 par Kathleen Nugent Mangan.
Tout au long de sa vie, elle revendiqua cette idée que l’art né d’une source intérieure qui doit être nourrie et préservée.
C’est en 1989, qu’elle créée la fondation Lenore G Tawney, afin de soutenir de jeunes artistes ; son œuvres se trouve aujourd’hui ans des collections privées ou bien dans les collections de grands musées d’art moderne.
Le travail de Lenore Tawney sera important pour touts ceux qui après elle travail le fils, qu’elle a libéré dans l’espace.
In Bound Man, 1957, Jupiter, 1959, The King I, The Queen, 1962, In Red Sea, 1974, In Fields of Light, 1975, Waters Above the Firmament, 1976,
Union of Water and Fire II, 1964